Au coeur des Monts des Ksour, le village où je suis né...

CHELLALA
DAHRANIA


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Récit de l'Expédition du Sud menée par le colonel Renault

Mai, Juin et Juillet 1846

 

... une liberté d'action plus grande qu'elle ne devait l'espérer dans le principe. La rapidité de notre marche, la sécurité de nos coups, l'appareil de notre force, en ******** imposé à ces populations tremblantes et faisaient tourner les évènements à notre avantage, beaucoup plus vite que nous ne devrions nous y attendre. Notre ***** se dessinait à mesure que nous avancions et celui de l'Emir, que son chef n'osait plus défendre ******* une proportion immense; ce n'était donc pas le moment de s'arrêter et de lui permettre par nos temporisations, d'organiser une défense qui eut paralysé nos affaires en si bonne voie de réussite. Nos espions avaient suivi *** *******: en proie à la plus vive inquiétude il avait erré une partie de la nuit, et, apès avoir changé 3 fois de bivouac, s'était arreté pour y coucher à Oglat el Kamman, à moitié chemin d'Arba à Chellala. Le 1er Juin, à 2 heures du matin, après les quelques heures de repos données aux hommes & aux chevaux, le Colonel se remettait en route sur ses traces avec sa cavalerie et 800 hommes d'élite ***** ******.

La route de Arbaouete à Chellala est sans eau. Encaissée, d'abord entre deux montagnes parallèles, elle débouche, après quatre ou cinq lieues de parcours de l'Est à l'Ouest, sur un vaste plateau hérissé par intervalles de monticules formés par des blocs de roche qui semblent avoir été soulevés et laissés à nu, au dessus de la surface générale, par quelque violent mouvement du sol; quelques uns de ces rochers couchés sur un plan horizontal et creusés par le hazard ou l'action du temps et des eaux,******* assez longtemps ces dernières. Ces réservoirs peuvent, à l'occasion, après les jours de pluie ou un violent orage comme celui qui avait éclaté dans la soirée du 31, fournir aux besoins d'une colonne peu nombreuse; mais les ressouces qu'on y trouve ne sont que momentanées et les premières ardeurs du soleil, accompagnées de quelques jours de sécheresse, les ont bientôt fait disparaître. A l'entrée de ce plateau se trouve Oglat el-Kamman

Arrivé à ce point, et voyant qu'il pouvait, à la tête de la Cavalerie, serrer de près l'émigration peu en ordre d'Abd-el-Kader, le Colonel laissa l'Infanterie au Commandant Bernadette, du 44e, avec ordre d'appuyer son mouvement par une marche accélérée, ordre dont l'exécution était facile tant les soldats montraient d'ardeur à cette poursuite d'un ennemi dont la retraite précipitée et honteuse était indiquée à chaque pas par l'empreinte des chevaux et les débris dénonciateurs que laisse toujours après elle une troupe en fuite.

A Chellala les éclaireurs de la colonne surprirent l'hadj Abd-ek-Kader qui faisait reposer ses chevaux; averti de notre appproche il se hata de faire partir ses bagages dans la direction de l'Ouest. Un nuage de poussière indiquait encore, à l'arrivée de notre cavalerie, la trace des derniers fugitifs. Son départ avait été si précipité et lié de si près à notre arrivée que deux de ses éclaireurs Rzainaz, croyant encore à sa présence dans le K'Sour, vinrent se heurter aux cavaliers de notre Goum*** en leur criant: " Prenez garde, voici la Roumi*** qui débouche par le **** !". En effet, l'Infanterie, après une course plutôt qu'une marche de 14 lieues, arrivait devant Chellala, déja occupé par la cavalerie.

Les centres de population habités par les Chellalines et situés à 10 lieues environ plus au sud que le parallèle de Brézina, dernier terme de *** ******** de Mr le Colonel Géry, en 184* , forment deux K'Sour qui vont à 3 kilomètres l'un de l'autre et qui ajoutent à leur nom commun de Chellala la dénomination de Guéblia (du sud) et Dab'rouia (du nord) d'après leur réciproque position. Le 1er est de peu d'importance, le second comprend environ 240 maisons bien construites, spacieuses, appuyées les unes aux autres et communiquant entre elles par de petites portes extraordinairement basses. Les rues y sont étroites et d'une circulation difficile. Une source abondante surgit au nord du village et arrose de riches jardins dont les palmiers, biens que plus rares et plus isolés que ceux d'Orba-Thatani, donnent une teinte originale au paysage qui ne se déroule au regard que lorsqu'on est très prèsde la ville, marquée à distance par le rideau des deux montagnes à l'extrémité desquelles elle trouve. La population parle un dialecte mixte de Chellah et d'Arabe qui accuse fortement son origine Berbère; elle est compacte, fanatique, riche, bien armee et fière de son indépendance. Elle peut apporter 300 fusils à ses ennemis et ne craint rien des Arabes du dehors. Elle avait bravé jadis les canons du Bey Mohammed-el-Kébir et il fallait rien moins que la conviction, répandue parmie les Arabes du Sahara, que toute résistance à nos armes est folle et inutile pour engager ceux de Chellala, fuir vers la montagne, en abandonnant sans les défendre leurs richesses, au milieu d'un K'Sour qui parmi ces centres de population, peut-être placé en première ligne, autant pour sa position militaire dont la force est augmentée par une triple ceinture de jardins bien enclos que pour son importance commerciale.

Les habitants ne faisant aucune démarche et confessant, à notre égard, par leur absence, des intentions hostiles, le Commandant de la colonne laissa carte blanche aux Cavaliers du Goum qui, toujours impatients de pillage, se lancèrent aussitôt dans l'intérieur des habitations. Mais pendant qu'ils étaient éparpillés dans les maisons et les jardins, une soixantaine de jeunes fanatiques bien armés, n'ayant pas pu apercevoir la colonne...

 

 

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